Après la formation initiale : les vicissitudes du parcours professionnel
Ce deuxième tome - issu d'une série de trois - porte sur les vicissitudes du parcours professionnel. En 2020, dans le cadre des enquêtes Génération, le Céreq a interrogé un échantillon représentatif des 746 000 jeunes qui ont quitté pour la première fois le système éducatif en 2017 à tous les niveaux de formation. La disponibilité de ces données a été l'occasion de mettre en place un groupe d'exploitation qui a réuni des chargé·es d'études du Céreq et de ses centres associés régionaux ainsi que des chercheurs et chercheuses d'autres organismes. Les différentes études ont abouti à des contributions originales. In fine, trois thématiques ont émergé de ces travaux et ont donné lieu à trois ouvrages.
TOME 2 - Après la formation initiale : les vicissitudes du parcours professionnel
Exploitations de l’enquête 2020 auprès de la Génération 2017
- Le présent volume intitulé « Après la formation initiale : les vicissitudes du parcours professionnel » constitue le tome 2 des études menées à partir de l’enquête Génération 2017. Composé de sept articles, il met l’accent sur les principaux facteurs sociaux et économiques qui ont pu contrarier les premières expériences d’emploi durant le parcours professionnel.
- De quoi peut-il s’agir ? Premier fait majeur : la crise sanitaire et ses conséquences économiques au printemps 2020. Survenu deux années et demie environ après leur entrée sur le marché du travail, le confinement imposé à cette occasion a interféré pour nombre de jeunes sur le déroulement d’un processus de pérennisation dans l’emploi ou de repositionnement professionnel. C’est notamment le cas pour les jeunes les moins qualifié·es. Ces dernier·es, toujours très pénalisé·es pour accéder à l’emploi, ont davantage bénéficié de la reprise d’activité après ce confinement que les autres jeunes, plus diplômé·es.
- Deuxième fait structurant : un fonctionnement du marché du travail singularisant les débutant·es est toujours à l’œuvre. En dépit d’une période économique favorable (de 2017 à 2020), caractérisée par un dynamisme du marché du travail matérialisé par une baisse significative du taux de chômage (de 9,5 % à 7 % – cf. Insee 2021), une part significative de jeunes se sont heurté·es à des difficultés systémiques d’insertion. En effet, si un tiers des jeunes ont accédé rapidement à l’emploi et ont été de façon durable dans cette situation, 19 % autres ont fait l’expérience du chômage de manière récurrente (Quand l’école est finie. Premiers pas dans la vie active de la Génération 2017, Céreq Enquêtes, 2022).
- Troisièmement, le constat renouvelé de désajustements au sein de certains emplois entre niveau de qualification des postes et niveau de formation des jeunes recruté·es témoigne de la permanence de difficultés pour une intégration réussie dans la sphère professionnelle. À titre d’exemple, parmi les diplômé·es de niveau master de lettres, sciences humaines et sociales, 41 % n’occupent pas un emploi classé cadre au bout de trois années de vie active. C’est également le cas de 26 % des diplômé·es d’écoles de commerce et 9 % des écoles d’ingénieurs. Ce phénomène génèrerait des sentiments d’insatisfaction et/ou de déclassement professionnel. Globalement le sentiment de « ne pas se réaliser professionnellement » est évoqué par 16 % des jeunes en emploi – trois années après leur sortie de formation, mais par 33 % de ceux déclarant que leur emploi ne correspond pas à leur formation (Le Bayon et al., 2022).
- Ces quelques traits caractéristiques du marché du travail illustrent certaines vicissitudes auxquelles les jeunes de la cohorte eurent à faire face dans leur début de vie professionnelle. Ce volume s’articule autour de ces thématiques, donnant des regards différents sur l’insertion des jeunes.
- Les deux premiers articles reviennent sur le choc qu’a constitué la crise sanitaire de 2020 sur le parcours professionnel. Avec quelle ampleur cet événement a-t-il impacté le cheminement sur le marché du travail ? Quelles en ont été les conséquences ? Tel est l’objet de l’article de Fanette Merlin et Dominique Épiphane. Les deux autrices s’attachent dans un premier temps à analyser les transitions entre les situations d’emploi et celles de non-emploi autour de la période du premier confinement. Puis, après avoir dressé le profil des individus les plus exposés à cette situation économique particulière, elles analysent l’évolution des conditions d’emploi entre l’avant-confinement et l’après-confinement. Selon elles, un repositionnement des jeunes serait principalement dû aux modifications de leurs conditions d’exercice du travail et aux caractéristiques de leur premier emploi.
- L’article de Sabina Issehnane et Léonard Moulin se situe dans la lignée du précédent en portant une attention particulière sur les transitions entre entrée et sortie de l’emploi selon une grille de lecture mobilisant le diplôme et/ou le genre. Leurs résultats s’appuient sur la quantification de deux indicateurs – le taux d’emploi et le taux de chômage – à l’aide d’une méthodologie originale (event-study) qui met en évidence que la vulnérabilité à cette crise serait dépendante du niveau de dotations scolaires des jeunes. Par ailleurs, être en emploi aurait un effet protecteur à la condition que la durée de celui-ci soit conséquente. Ainsi, les politiques d’accompagnement pour les publics les plus en difficulté constitueraient un outil préventif contre la précarité en cas de choc conjoncturel.
- Dans la suite de ces premiers travaux, l’étude de Arthur Félix W. Sawadogo et Océane Vilches questionne les « bienfaits » d’un recours à une politique pour l’emploi en début de vie professionnelle. Comment la Garantie jeunes – un dispositif d’accompagnement mis en place en 2017 puis remplacé par le contrat d’engagement jeune (CEJ) – a-t-elle facilité l’accès à l’emploi des jeunes en situation de vulnérabilité sociale ? Ce travail, en écho à d’autres travaux d’évaluation de ce dispositif (Gaini et al., 2018), présente l’originalité de se centrer sur une sous-population des primo-sortant·es du système éducatif qui ont, de surcroît, subi la crise sanitaire de 2020 dans leur parcours d’insertion. Sans remettre en cause les constats positifs de ce dispositif présentés dans d’autres études, leurs résultats s’en distinguent en relativisant l’ampleur des effets de ce dispositif à l’aide de divers indicateurs statistiques et ouvrent ainsi un débat sur l’efficacité d’un tel dispositif en présence d’aléas économiques défavorables.
- Sur un autre registre, les articles suivants abordent l’insertion au travers de critères caractérisant l’emploi. Ainsi, l’étude de Christophe Till et Erwan Audren explore les modalités d’accès au statut de cadre pour des jeunes diplômé·es de l’enseignement supérieur. Les disparités constatées selon les niveaux de diplômes rendraient compte d’un « effet d’âge » et d’un « effet génération ». Dans la même veine, l’étude de Joël Zaffran s’intéresse aux jeunes qui ont choisi les métiers d’armes dans leur début de vie active. L’auteur interroge dans quelle mesure ce domaine professionnel – par ailleurs en difficulté de recrutements – s’avère être une opportunité d’emploi pour des jeunes en déficit de formation.
- Enfin, deux travaux poursuivent l’analyse de l’insertion professionnelle en expertisant la correspondance entre le plus haut diplôme obtenu et les métiers occupés. Ils renouvellent l’expertise d’une lecture de « l’adéquation » et du « déclassement » en distinguant dans leur approche une norme « horizontale » et une norme « verticale ».
- L’article de Pauline Vallot, Claire Bonnard, Jean-François Giret et Julien Berthaud identifie des situations paradoxales entre mesure du déclassement professionnel et expression d’un sentiment de déclassement, en mobilisant des informations objectives et subjectives collectées par l’enquête. Leurs résultats soulignent la diversité des situations rencontrées et questionnent le rapport au travail des jeunes en début de carrière.
Enfin, l’article de Florian Fouquet explore ce phénomène de déclassement dans une dimension longitudinale en invoquant la notion de « trappe » de l’inadéquation. Cet auteur fait le constat que le déclassement tendrait à se prolonger dans le temps (d’un emploi à un autre) et pourrait en partie s’expliquer par un déficit de compétences professionnelles.
Céreq Échanges issus du groupe d'exploitation
Exploitations de l’enquête 2020 auprès de la Génération 2017
- Le tome 1 porte sur les inégalités, de genre, de classe, ethnoculturelles ou encore territoriales, parfois cumulatives, qui pèsent sur l'éducation et l'emploi.
- Le tome 2 se concentre sur les trajectoires en début de vie active et les aléas qui viennent les percuter, au premier rang desquels, pour cette Génération, la pandémie de Covid-19.
- Le tome 3 traite des évènements et spécificités du parcours scolaire et leurs effets sur l'insertion.