Parcours scolaires et insertion professionnelle : l’implacable effet de l’origine sociale
À partir du dispositif des enquêtes Génération du Céreq, qui permet de suivre 25 000 jeunes entrants sur le marché du travail, les expertes du Céreq, Gaëlle DABET, Dominique EPIPHANE et Elsa PERSONNAZ, dressent un panorama inédit des effets de l’origine sociale sur les parcours scolaires ainsi que sur leurs trajectoires d’insertion au cours des trois premières années de vie active. De cette étude, réalisée à la demande de France Stratégie, ressort un constat sans appel : le niveau et le type de diplôme atteint, la rapidité d’insertion dans l’emploi, les caractéristiques de l’emploi occupé diffèrent – toujours et encore – nettement selon le milieu social dans lequel on a grandi. Les expertes soulignent toutefois que l’alternance pourrait atténuer les inégalités sociales et précisent à quelles conditions.
L’effet de l’origine sociale sur les parcours scolaires et les niveaux de diplômes atteints est un des faits sociaux les plus documentés en sociologie depuis les années 1960 (Bourdieu & Passeron, 1964 et 1970 ; Baudelot & Establet, 1971 et 1975). Particulièrement vif dans les années soixante-dix, le débat sur la dimension méritocratique de l’école est toujours d’actualité (Dubet, 2016 ; Blanchard & Cayouette-Remblière, 2016). La montée en charge vers l’objectif de 80 % d’une classe d’âge au baccalauréat et la massification de l’enseignement supérieur répondant à celui de 50 % de diplômé·es du supérieur ne se sont pas accompagnés d’une réduction notable des inégalités. Récemment, François Dubet faisait encore le constat d’une école française qui, loin de les réduire, accentuait les inégalités entre les élèves, le poids de l’origine sociale sur les performances des élèves y pesant bien plus qu’ailleurs.
Cette étude vise à fournir un panorama descriptif, le plus complet possible, des effets de l’origine sociale sur une série d’indicateurs :
- sur le déroulé du parcours scolaire depuis la classe de troisième et les conditions de réalisation des études (partie 1) ;
- sur les trajectoires d’insertion au cours des trois premières années de vie active (partie 2) ;
- et sur les conditions des emplois occupés et le ressenti quant à la situation professionnelle à 3 ans (partie 3).
- Enfin, les premières mobilités professionnelles entre le premier emploi et celui occupé à 3 ans sont abordées (partie 4).
L’apport de cette étude est également d’appréhender l’origine sociale à partir de la PCS du père ainsi que celle de la mère, en utilisant la nomenclature « ménages » élaborée par Amossé & Cayouette-Remblière en 2022.
Cette étude a été réalisée à la demande de France Stratégie et a contribué à nourrir le rapport "Les politiques publiques en faveur de la mobilité sociale des jeunes".